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mercredi 6 novembre 2019 à 20h

Robert Marchadier. L'ouvrier qui fit trembler Michelin » Conférence par Eric Panthou

Quand on évoque Robert Marchadier aujourd'hui à Clermont-Ferrand, hormis le fait qu'une rue autour des usines Michelin à Cataroux porte son nom, bien peu sont ceux qui se souviennent de celui qui pendant 20 ans a été la figure majeure du mouvement ouvrier clermontois et puydomois.
Marchadier est celui qui en déclenchant et menant les grèves de 36 chez Michelin puis dirigeant un syndicat passé de quelques dizaines d'adhérents à plus de 7000 quelques semaines plus tard a fait trembler Michelin. Il a subi pour cela la répression, licencié en février 1936 et mis sur liste noire, militant le plus lourdement condamné en France après la grève générale du 30 novembre 1938, premier condamné à mort de la zone "libre" en septembre 1941 pour son engagement comme militant communiste contre le Régime de Pétain puis l'Occupant.Condamné à mort par Pétain, évadé puis déporté
Grâce à la mobilisation ouvrière mais aussi l'intervention d'Alexandre Varenne, Marchadier fut gracié et condamné aux travaux forcés. Il prît ensuite la tête d'une spectaculaire évasion à la prison de Saint-Étienne pour rejoindre l'Etat-Major des Francs-Tireurs et Partisans pour toute la zone sud, avant d'être arrêté puis déporté à Dachau.

Accueilli en héros par plusieurs dizaines de milliers de personnes à son retour en mai 1945, sa popularité est encore plus grande qu'avant-guerre. Celui qui, début 1944 lors d'un Comité de Libération, avait été proposé par le Parti communiste pour devenir le futur maire de Clermont-Ferrand à la Libération fut finalement élu secrétaire de l'UD CGT, à la tête de 46000 syndiqués, occupant cette fonction jusqu'en 1955. Là, il joua un rôle important pour initier et diriger des grèves qui marquèrent la classe ouvrière locale : les grèves durement réprimées par les forces de l'ordre chez Bergougnan en 1948, avec une forte réplique ouvrière, l'opposition à l'envoi des pneus Michelin pour le contingent en Indochine, les grèves chez Michelin et en particulier la grande grève de 2 mois en 1950, grève dont l'échec constitua sans doute les prémices du désaveu qui allait frapper Marchadier d'abord comme militant communiste (non renouvelé en 1950 au Comité Central) mais surtout syndical, avec sa démission de secrétaire de l'UD en 1955, cette mise à l'écart conduisant à l'effacement progressif dans la mémoire ouvrière de celui qui avait été un temps présenté comme le « Fils du peuple Auvergnat », en écho au culte voué au « fils du peuple Maurice Thorez ».

A travers le portrait de celui qui reste sans doute la principale figure du mouvement ouvrier clermontois, nous esquisserons comment le syndicalisme CGT est né brusquement pour l'immense majorité des salariés Michelin en juin 1936 et comment l'action syndicale et politique de ces hommes et femmes ont pu faire trembler patronat et pouvoir politique, et pourquoi Marchadier était la figure à abattre.
Il était temps de faire ressurgir cette figure trop longtemps oubliée en raison du désaveu dont il fut victime par la direction de son Parti.
L'auteur, Eric Panthou, chercheur-associé à l'Université de Clermont, syndicaliste, membre de l'IHS CGT 63, mène depuis 1991 des recherches sur l'histoire sociale et politique du Puy-de-Dôme, en particulier chez Michelin. Il conserve par ailleurs les archives personnelles

Source : http://histoire-et-genealogie.over-blog.com/2…
Source : message reçu le 12 octobre 21h